Crises des réfugiés, crise de l'Union européenne ? : Colloque, Nice, 9 et 10 juin 2016
Face à une pression migratoire
sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Union tente d'apporter une
réponse européenne à un drame humain qui plonge principalement ses racines dans
l'effondrement moyen-oriental. Sur fond de "polycrises", la crise des
réfugiés est devenue "une priorité absolue", pour reprendre les
termes du discours sur l'état de l'Union prononcé par Jean-Claude Juncker le 9
septembre 2015. De fait, les institutions européennes ont lancé toute une série
d'initiatives pour renforcer la protection des personnes et procéder à la
relocalisation ou à la réinstallation des réfugiés sur des bases équitables.
Des fonds importants ont été débloqués pour aider les Etats se trouvant en
première ligne à assumer leurs obligations. Ces efforts n'ont pas été couronnés
de succès, loin s'en faut. La crise des réfugiés a mis à nu les failles du système
commun d'asile, l'incomplétude de la surveillance des frontières extérieures,
les faiblesses de la politique migratoire de l'UE envisagée tant dans son volet
interne qu'externe, l'inadaptation à l'urgence des procédures de prise de
décision et l'incapacité de l'Union de peser sur le règlement du dossier
syrien. Cependant, le défi le plus redoutable auquel est confrontée l'Union est
l'explosion des égoïsmes nationaux, alimentés par la montée du populisme
partout en Europe. La méconnaissance par les Etats de la solidarité, à la fois
principe et objectif constitutionnel de l'UE, revêt une dimension inédite dans
l'histoire de la construction européenne. Elle rejaillit sur l'Union dans son
ensemble, dont elle ternit l'image en tant qu'entité soumise au droit et
respectueuse des droits fondamentaux. A force de pratiquer le chacun pour soi,
les 28 sont condamnés à des solutions de repli, illustrées par la déclaration
UE-Turquie du 18 mars 2016, qui comportent des aléas à la fois en termes de
légalité, d'autonomie d'action et d'efficience, sans compter leur coût
financier. L'objet du colloque est d'analyser ces différentes problématiques
juridiques sous-jacentes à "la crise des réfugiés". Il s'agit non
seulement de procéder à leur identification mais de mettre en relief leur
interconnexion ainsi que leurs implications concernant l'Union. La réflexion
collective porte également sur les nouvelles orientations qu'appellent les
diverses politiques concernées et sur l'inévitable refondation de la
construction européenne.