Études réunies par Maaike van der
Lugt et Charles de Miramon
Ce livre trace l’histoire
culturelle du concept d’hérédité à la fin du Moyen Âge et au début de l’Époque
moderne, en croisant médecine, science, théologie, droit, théorie politique et
historiographie.
Certes, il n’existe pas alors
de théorie générale de l’hérédité. La société médiévale est fondée sur la
parenté et l’héritage; une idéologie cohérente qui justifierait ce
fonctionnement fait pourtant défaut. Les
discours savants restent souvent hostiles à l’hérédité. La médecine et la
physiognomonie se concentrent sur l’individu, écartant souvent le déterminisme
parental. Le discours sur la noblesse exalte la vertu personnelle et
déprécie les ancêtres. La théologie chrétienne insiste sur l’unité du genre humain,
tendance encore renforcée par la philosophie aristotélicienne. Néanmoins, comme
le montre également ce livre, c’est bien au Moyen Âge que prennent forme
plusieurs concepts et termes qui constitueront, plus tard, des éléments clefs
du paradigme héréditaire. Ainsi, c’est à cette époque que naît le concept
juridique de consanguinité dans un sens biologique. C’est alors que se forge le
terme de ‘race’, que l’on anoblit certains types de chiens et d’oiseaux et que
se dessine le concept du sang noble. Certains théorisent également l’idée que
la discrimination sociale, comme celle des juifs, s’expliquerait en partie par
une constitution physique spécifique. C’est
encore au Moyen Âge que les médecins commencent à qualifier certaines maladies
d’héréditaires. La rupture entre Moyen Âge et Époque moderne était souvent
supposée sans être véritablement examinée. La chronologie large de cet ouvrage
permet d’être sensible tant aux continuités qu’aux changements et de nuancer
l’importance de la découverte de l’Amérique pour l’histoire de l’hérédité.